LES MAFIEUX, LES PARTISANS, LA VIEILLE DAME, LES ESPIONS, LA NOURRICE…
SICARIO 2 – LA GUERRE DES CARTELS
A la frontière entre le Mexique et les USA, les cartels mexicains font régner la terreur. L’agent fédéral Matt Graver s’associe à nouveau avec le mystérieux Alejandro pour enlever la petite fille d’un mafieux et déclencher ainsi une meurtrière guerre des cartels. Après Sicario (2015), gros succès public signé Denis Villeneuve, voici un n°2 sous-titré La guerre des cartels et réalisé par l’Italien Stefano Sollima qui s’y entend pour donner une suite musclée et violente. Avec toujours les excellents Josh Brolin et Benicio del Toro, cette aventure crépusculaire où toutes les règles sont bannies, est, au-delà du drame humain qui se joue tous les jours entre le Mexique et l’Amérique, une réflexion amère sur l’amitié au péril du chaos… (Metropolitan)
UNA QUESTIONE PRIVATA
En 1943, au Piémont, Milton est entré dans la Résistance. Par hasard, en arpentant les montagnes de la province de Coni, l’étudiant devenu partisan repasse par la vaste demeure où il a connu et aimé la belle Fulvia. Mais celle-ci, en secret, aimait aussi Giorgio, lui aussi partisan. Désormais Milton (Luca Marinelli, très habité) veut retrouver Giorgio. Mais celui-ci vient d’être arrêté par les fascistes. Avec Una questione privata, les frères Taviani, dans leur dernière œuvre commune (Vittorio est mort en avril dernier), donnent une œuvre étrange et prenante qui mêle la guerre et le regret d’une grande histoire romantique. Dans des paysages baignés de brouillard, la poésie est partout. Dans les suppléments, Paolo Taviani décrit comment les frères, passionnés par le roman de Beppe Fenoglio, se sont attelés au projet et comment le film a vu le jour… (Pyramide)
MISS DAISY ET SON CHAUFFEUR
Dans les années 40, Daisy Wertham, vieille dame juive vivant à Atlanta en Géorgie, institutrice à la retraite, n’est plus en mesure de conduire sa voiture. Son fils (Dan Aykroyd) lui trouve un chauffeur. Mais, entre Miss Daisy et son chauffeur, le courant ne passe pas tout de suite. Pourtant la vieille dame pète-sec et Hoke Colburn, le jovial chauffeur noir finiront par s’apprivoiser et même à développer une touchante amitié. En s’inspirant d’une pièce de théâtre (que Glenn Close a repris naguère à Broadway), Bruce Beresford réussit une comédie sensible et parfois truculente qui toucha le public (alors que le studio ne croyait pas au sujet) et décrocha une série d’Oscars. Réalisé en 1989, le film (dans une belle version restaurée) permet de revoir Jessica Tandy (disparue en 1994) qui fut en 1963, de l’aventure des Oiseaux de Hitchcock, et Morgan Freeman dans son premier grand rôle populaire. (Pathé)
LE DOSSIER MONA LISA
Exfiltrée en urgence de Beyrouth, Mona, une chrétienne libanaise, est soupçonnée par le Hezbollah de travailler pour les services secrets israéliens. Pour la mettre à l’abri, le Mossad la planque dans un appartement de Berlin sous la garde de Naomi, agent israélien qui a repris du service pour l’occasion. Connu pour La fiancée syrienne et Les citronniers, le cinéaste israélien Eran Riklis investit, avec Le dossier Mona Lisa, l’univers du film d’espionnage. Avec une histoire menée à bonne allure et qui ne s’embarrasse pas de fioritures, Riklis réussit un thriller intimiste qui vaut, au-delà de l’action même, par deux bons portraits de femmes défendues par Golshifteh Farahani (Mona) et l’excellente Neta Riskin (Naomi) dont les douloureux secrets tournent autour de la maternité. Bien sûr, on ne croit pas vraiment aux bandages qui couvrent (partiellement) le visage d’une Mona qui a subi de la chirurgie pour se refaire une nouvelle tête mais c’est quand même un détail dans cette aventure enlevée. (Pyramide)
BECASSINE !
Mais non, Bécassine n’est pas une grosse cruche bretonne ! En tout, ce n’est pas comment cela que Bruno Podalydès la perçoit. Avec sa joyeuse Bécassine !, le réalisateur du malicieux Comme un avion fait revivre une France rurale du début du XXe siècle dans laquelle la naïveté d’enfant de Bécassine fait merveille. Sa rencontre avec Loulotte, bébé adopté par la marquise de Grand-air, va changer sa vie. Et la pétulante nourrice (Emeline Bayart, parfaite dans le rôle) va faire souffler un vent de folie douce autour d’elle en apparaissant comme une jeune femme moderne et inventive… Autour du fameux personnage de BD inventé, en 1905, de Rivière et Pinchon, une délicieuse comédie où tous les comédiens, de Karin Viard à Michel Vuillermoz en passant par les frères Podalydès et tous leurs complices (Isabelle Candelier, Jean-Noël Brouté, Philippe Uchan, Vimala Pons) s’en donnent à cœur-joie (UGC)
PARVANA
Dans l’Afghanistan du régime des talibans, Parvana, jeune fille de 11 ans, grandit à Kaboul. Lorsque Narullah, son père, ancien enseignant devenu colporteur, est arrêté et emprisonné, la fillette voit son existence basculer. Car, lorsqu’on n’est pas accompagnée par un homme, on ne peut plus travailler, ni acheter de la nourriture. Magnifique film d’animation réalisé par l’Irlandaise Nora Twomey, Parvana – Une enfance en Afghanistan raconte comment la fillette décide de se couper les cheveux et de se travestir en garçon pour permettre la survie de sa mère, de sa sœur aînée et de son petit frère. Un superbe conte humaniste sur la culture contre la barbarie qui mêle, entre drôlerie et gravité, le politique et le poétique. (Le Pacte)
LE SECRET DE SANTA VITTORIA
Pendant la guerre, alors qu’on annonce la chute du Duce, Italo Bombolini, paysan ivrogne et méprisé de tous, est promu maire de Santa Vittoria. Mais ce minable que sa femme malmène, deviendra un héros en empêchant les Allemands d’emporter les meilleurs vins du village. En s’inspirant d’une histoire vraie, l’Américain Stanley Kramer (auteur notamment de Jugement à Nuremberg en 1961 et de Devine qui vient dîner ? en 1967) s’installe au cœur de l’Italie tourne, en 1969, Le secret de Santa Vittoria, une comédie qui voit s’affronter deux monstres sacrés, Anthony Quinn et Anna Magnani, dans une grande bataille de… cabotinage. Voici une curiosité qui vaut par quelques belles scènes comme celle de l’immense noria du transfert des bouteilles. (Sidonis Calysta)
LOVE, SIMON
Au milieu d’une famille qui l’adore, Simon Spier, lycéen dans un établissement de la banlieue d’Atlanta, mène une existence normale, entouré d’amis extraordinaires mais le garçon garde un grand secret : personne ne sait qu’il est gay et il ne connaît pas l’identité de son premier grand coup de cœur avec lequel il communique en ligne. Mais quand les messages qu’il échange avec Blue tombent entre de de mauvaises mains, la vie de Simon commence à changer… Avec ses allures de vraie comédie romantique, Love, Simon est le premier film produit par une grande « major » américaine à mettre en scène une romance entre deux adolescents homosexuels. Porté par Nick Robinson, voici un film allègre qui n’évite pas tous les clichés sur les gays mais montre comment Simon va s’assumer aux yeux de tous… (Fox)
LE CERCLE LITTERAIRE DE GUERNESEY
Jeune écrivaine prometteuse, Juliet Ashton reçoit une lettre d’un mystérieux admirateur, membre du Cercle littéraire des amateurs d’épluchures de papates. Quittant le Londres bombardé de 1946, Juliet se rend à Guernesey où elle rencontre Dawsey Adams, un séduisant fermier… Réalisateur de Quatre mariages et un enterrement (1994) mais aussi de Harry Potter et la coupe de feu (2005), Mike Newell adapte, avec Le cercle littéraire de Guernesey, le gros best-seller (2008) de Mary Ann Shaffer et Annie Burrows et donne, sur fond de guerre et de lourds secrets, une pittoresque romance ilienne bien défendue par des comédiens chevronnés comme Tom Courtenay ou Penelope Wilton rejoints par la charmante Lily James vue dans la série Downton Abbey. (Studiocanal)
NOS HEROS REUSSIRONT-ILS A RETROUVER LEUR AMI…
Editeur romain à succès, Fausto di Salvio (Alberto Sordi, brillant), n’en peut plus des convenances bourgeoises. Profitant de la disparition de son beau-frère (Nino Manfredi), il fuit Rome. Avec son comptable (Bernard Blier, habitué des productions italiennes), il part en Afrique. En 1968, Ettore Scola signait Nos héros réussiront-ils à retrouver leur ami mystérieusement disparu en Afrique ? Un des titres les plus longs de l’histoire du 7eart pour une comédie picaresque qui diffère des comédies « à l’italienne » de Scola. Au-delà d’une franche bouffonnerie, le maître italien (qui signa de grandes œuvres comme Affreux, sales et méchants ou l’admirable Une journée particulière) dénonce le complexe de supériorité de l’Occident face aux Africains. Une résonance contemporaine… (M6)
JOUEURS
Un jour par hasard, dans le restaurant de son père, Ella croise Abel qui cherche du boulot. Mais Abel a surtout besoin d’argent et il tape dans la caisse du restaurant. Entre les deux jeunes gens, le courant passe pourtant, d’autant qu’Abel va faire découvrir à Ella l’univers des cercles de jeux. Et Ella va se piquer au jeu comme à ce poison. Avec Joueurs, présenté à la Quinzaine des réalisateurs de Cannes en mai dernier, Marie Monge réalise un premier film où l’addiction à l’amour d’Ella pour Abel va croiser celle du jeu. Dans un Paris nocturne et cosmopolite, on plonge dans un film noir (porté par Tahar Rahim et Stacy Martin, vue chez Lars von Trier) qui suit au plus près un jeune couple qui se croit intouchable face aux sensations mortifères des jeux d’argent… (Bac)